Où va le monde ? Nous sommes en droit de nous poser cette terrible question alors que rien ne semble vouloir s’aligner.
Je reviendrai plus tard sur le déni de réalité chronique dont le sort de notre milieu de vie est victime.
Je suis plutôt préoccupé par la reconfiguration politique du monde, qui s’accélère souvent sans crier gare à notre indifférence, tant que nous ne sommes pas touchés sous nos latitudes.
Le monde change en faveur d’un retour en force des idéologies dogmatiques, tremplins d’autocrates peu enclins au moindre débat sur leurs intentions qui ne peuvent qu’être bonnes car ce sont les leurs.
Depuis des décennies, nous observons la montée en puissance d’immenses pays que l’on classait auparavant parmi les puissances émergentes, imaginant les aider, dans notre aveuglement court-termiste, en les utilisant comme usines déportées pour se débarrasser des nôtres parce que c’est sale, sans voir qu’ils nous rattrapaient et n’auraient bientôt plus besoin de nous. Mieux encore, qu’ils ne nous feraient pas de cadeaux en mémoire de la façon dont nous les avions traités.
Ainsi, la Chine, l’Inde et tous les pays en dehors de la zone dite des pays occidentaux, s’émancipent de ce que nous croyions benoitement leur avoir donné de mieux, les Lumières, la démocratie, la libre pensée. En nous opposant ce que nous leur avons donné de pire, le capitalisme sauvage, le nationalisme pointilleux et le mépris de l’environnement. Après moi, le déluge…
À l’instant t, la recomposition politique générale est suspendue aux prochaines élections américaines.
Il y a de quoi être épouvanté à la perspective du retour de Donald Trump qui, s’il redevenait président des États-Unis, remonté comme il est d’avoir été viré une première fois et n’ayant plus rien à perdre vu son âge, pourrait mettre la planète sans dessus dessous comme il le vocifère à la moindre occasion.
Son univers mental semble concentré sur son seul pays, sans égards pour la longue construction d’un immense réseau d’alliances et d’influence qui a fait sa force, et braqué sur ce qu’il considère comme son ennemi personnel, la Chine. Qui, ne l’oublions pas, est propriétaire financièrement parlant, d’une bonne partie du monde, à commencer par les USA aux déficits permanents.
Il est bien difficile d’imaginer ce qui se passerait entre anciens alliés alors qu’il promet de les laisser tomber à la première occasion, porte-parole des partisans fanatiques du Make America great again ! Un slogan qui justifie tous les errements et annonce clairement la couleur de la suite des événements.
Espérons que les institutions américaines ne permettront pas son élection, empêtré qu’il est dans une multitude de procès et, s’il l’est tout de même, contiendraient ses excès efficacement. Mais je doute.
Si le pire advient, ce qui serait un échec majeur de l’idéal démocratique, ce grand pays dont le monde entier a rêvé et rêve encore deviendrait une autocratie de plus, et quelle autocratie !
Nous serions réduits au sort de spectateurs impuissants et apeurés de la naissance d’une sorte d’ONU illibérale défendant la loi du plus fort et combattant l’esprit des Lumières.
Il n’y a pas loin de voir un jour une alliance de fait entre Trump et Poutine contre la Chine, ennemi de l’un et ami encombrant de l’autre, tout bénéfice pour le deux ! Les voyous, ça ose tout…
Une Chine prise en sandwich entre deux fois 5000 têtes nucléaires, le bouton rouge à la merci d’égos surpuissants protégeant jalousement les gros robinets de ressources naturelles dont elle a un cruel besoin, en la privant de sa clientèle habituelle d’états complices ou achetés qui, intérêt bien compris, se tourneraient prudemment vers les nouveaux maitres du monde.
D’accord, je délire, ça n’arrivera pas, méthode Coué-je. Il n’empêche qu’il faut s’attendre à tout et surtout à ce qu’on n’aura pas osé imaginer.
Dans l’immédiat, cherchons plutôt comment nous opposer à la disparition de l’humanisme et des libertés dans les constructions politiques. Le monde étant devenu grand producteur de désinformation sous la coupe de prêcheurs d’âneries propulsées en vérités révélées par les réseaux sociaux aux mains d’autocrates privés, il faut une mentalité d’aventurier de l’information perdue pour comprendre un peu ce qui se passe afin de se sentir concerné par ce qui se passera et à partir de là, imaginer par quels moyens s’engager dans la résistance à la crétinerie mortifère érigée en système.