Le grand retour des prêts à penser religieux, politiques et sociaux menace à nouveau de déchainer d’innombrables conflits entre gens ou pays, sans que rien ne soit fait pour s’y opposer fermement.
C’est certainement une réaction d’une partie de ceux qui ne trouvent pas matière à satisfaction dans l’individualisme forcené induit par le libéralisme.
C’est peut-être aussi la peur d’exercer une liberté de pensée assez effrayante en ce qu’elle insécurise et mène souvent à devoir défendre des positions hors du courant dominant sans avoir les outils et moyens nécessaire de le faire efficacement.
Un grand merci à notre éducation qui aboutit surtout à nous canaliser et nous éteindre pour nous faire accepter l’insensible passage vers une vie active au seul service d’une pensée unique marquée au sceau du libéralisme économique indifférent aux dégâts qu’il cause.
Nous avons souvent dit ce que nous pensions de l’individualisme qui mine la vie des sociétés : nous sommes cependant confrontés là à un phénomène d’un ordre supérieur.
Il me semble que le repliement dans les différents dogmes offerts par des prêcheurs de toutes sortes morcelle la société d’une manière encore plus profonde que l’individualisme, ce qui est menacé ici n’est rien moins que la cohésion des sociétés mais aussi celle des groupes de sociétés.
Il en résulte un grand chambardement des loyautés, un durcissement des positions défendues, une faillite de la tolérance et de la fraternité, chacun s’enfermant dans la boite qu’il s’est choisi et dont il n’a pas la clé.
On en arrive à des situations ubuesques où des groupes de gens soutiennent des positions contraires à la société où ils vivent en déclenchant des réactions épidermiques d’autres groupes ayant évolué de la même manière, le tout dans un tissu sociétal désemparé car inadapté à cette nouvelle donne.
Je ne dirais jamais assez à quel point le dogmatisme quel qu’il soit est un poison mortel, à quel point il est insensé de refuser ce que sont les autres en se référant à des préceptes dits incontestables.
Suivant les lieux et les époques, rien n’est plus variable que l’incontestable et il est bien dramatique de s’inféoder à ce genre de valeurs de rencontre par refus de penser et de réfléchir, par pure paresse intellectuelle.
Mais pour cela, il faut accepter aussi de se confronter à des pensées contraires, de parfois réviser des opinions toutes faites, de se mettre en danger de changer d’avis, de faire parfois le contraire de ce que le mode de vie que nous avons adopté nous pousse à faire !
Les immenses progrès accomplis par l’humanité dans la connaissance du monde ont toujours été accomplis en soulevant le couvercle des idées reçues pour voir ce qu’il pouvait bien y avoir au-delà, malgré les résistances farouches de tous ceux qui ont tout intérêt à ce que rien ne change ! Je ne citerai personne car tout le monde sait ce qu’il en est. Alors quoi ? On le soulève, ce couvercle ?