J’ai entendu dernièrement Natacha Polony annoncer la sortie dans Marianne, d’une enquête à propos de la vente de la Française des Jeux, fleuron des entreprises d’état générant une marge de rêve en vendant justement, du rêve… Ce piteux épisode avait en son temps soulevé des tempêtes d’indignation, en vain : le joyau était parti à l’encan pour le plus grand plaisir de ses nouveaux actionnaires. Après le coup des clopes, des autoroutes, c’était le pompon !
Je me suis posé la question qui fâche : si je possédais par hasard un truc magique me rapportant de l’argent sans que je ne me fatigue, aurais-je l’idée de le vendre ? Et vous ? Non ? Non !
Comment expliquer alors que l’État – et l’État, c’est nous ! – ait eu cette idée saugrenue après d’autres du même tonneau ayant entrainé les même hurlements. Quelque chose nous échapperait-il que, stupides que nous sommes, nous ne comprendrions pas ?
Je ne pense pas que ce soit un retour de flamme sur l’immoralité de faire de l’argent en profitant de nos penchants les plus discutables, de ceux qui coutent à la société, bien que, collectivement, nous ne critiquions pas les colossales entrées d’argent dues à la taxation des clopes, et de l’alcool dont les effets secondaires devraient effrayer tout citoyen conscient d’un tel scandale.
Ou alors, l’État se désengage-t-il des entreprises de production en les vendant à qui veut les récupérer, préférant se servir des dividendes sous forme de taxes à géométrie croissante ?
Je crois que plutôt, l’État, ce n’est plus nous, mais un machin aux mains des grands prêtres du capitalisme sans limites qui appliquent ses lois d’airain méthodiquement visant à tout transformer en un grand marché libre entre des acteurs libres liés par contrat pour chaque échange.
Un système dont l’ennemi est tout ce qui est organisé en dehors de sa loi du plus fort : l’État, les lois, les règlements, les syndicats, la presse libre, en un mot tout ce qui tend à organiser le collectif d’une société. Un système dont l’ennemi est l’intérêt général, dont le maitre est l’intérêt privé.
La vente des biens publics au privé n’est qu’une des manifestations de l’emprise de ce système implacable pour lequel l’individu n’est qu’un minerai à exploiter en l’isolant petit à petit de ses congénères à coups de propagande économique, d’incitation à la consommation effrénée, jusqu’à ce qu’il n’ait même plus conscience de ce qui se passe pas plus que de liens sociaux avec les autres devenus ses ennemis en tout car concurrents dans le grand marché libre.
Ça ne fait pas rêver et pourtant c’est le monde qui se construit contre nous, presque à notre insu tant ses promoteurs sont habiles à divertir notre attention, à nous faire avaler que nos suffrages comptent pour du beurre et que seuls, ils détiennent la vérité. Et qu’ils nous sauveront malgré nous des affres de la liberté de choix.
Vous pouvez ne pas me croire, dire que j’exagère. Libre à vous.
Que pensez-vous cependant des suites de la dissolution sauce Emmanuel 1er ? Comment pouvez-vous accepter qu’avec ce qui est sorti des urnes aux élections législatives, on en soit venu à pire que ce qui sévissait avant ? Avec en prime, l’ombre menaçante de deux extrémismes qui attendent leur heure pour imposer leur lecture partisane de nos institutions.
Notre pays est fracturé de toutes parts, classes sociales, origines, religions, villes et campagnes, mais aussi peuple et « élites » qui ne semblent plus vivre sur la même planète, ne se parlent plus, ne se comprennent plus et campent sur des positions inexpugnables.
Ce blocage sociétal fait monter la pression dans la cocotte-minute. Qu’en sortira-t-il ? Des gilets rouges vifs, des chemises brunes ? Quelle sera la nature du pouvoir dans le futur proche et comment pèsera-t-il sur nous ? Pour l’instant, nous nous précipitons dans l’inconnu sous un ciel plombé.

Oui, nous fonçons à tombeau ouvert, de nuit et dans le brouillard. Pourtant, je ne pense pas que la situation soit pire aujourd'hui qu'avant la dissolution.
Notre Mozart de la finance a pris le volant de ce bolide bien avant la dissolution (on l'a même réélu en 2022 !), ayant pris soin auparavant de s'entourer de tous les airbags nécessaires pour le moment où le crash se produira. On peut jurer que lui s'en sortira...
L'ombre des extrémistes rôde, écris-tu. Bien sûr ! Mais qui a pris soin de détruire méticuleusement la gauche, puis la droite dites de gouvernement. Notre cher Président ! Et maintenant que le petit peuple auquel nous appartenons découvre la supercherie, il est trop tard. Il a ruiné la France et la ridiculise un peu plus chaque jour. Et notre seule alternative est maintenant de voter pour une des deux extrêmes. Avec un aussi triste bilan, peut-être faudrait-il temps de responsabiliser nos dirigeants (nos politiques et leurs conseillers) et de les faire payer leur inconséquence.