Vous avez sans doute comme moi, remarqué à quel point nos médias bruissent d’actualités diverses et variées sur l’intelligence artificielle, cette imposture vendue pour ce qu’elle n’est pas, intelligente.
On en parle partout, sans arrêt, une forêt de marronniers ! On dit tout et n’importe quoi sur un sujet appréhendé de diverses façons suivant ce qu’on veut défendre. Bref, le bon sujet à tout faire.
Une chose cependant m’intrigue au plus haut point : pourquoi se ruer sur cette étrange idée ?
Pour moi, une « intelligence artificielle » signifie d’abord « intelligence », c’est-à-dire une entité capable d’avoir conscience du monde qui l’entoure, d’avoir des intentions, des sentiments, que sais-je encore, nous ne savons même pas ce que signifie ce mot en dehors des manifestations de ce qu’il désigne. « Artificielle » car crée de rien par nous, pas naturelle.
Pourquoi vouloir s’inventer un concurrent immanquable dans une future lutte de pouvoir ? Sommes-nous si stupide qu’il faille nous remplacer par un machin ? Ou bien plutôt, sommes-nous si indocile que nous remplacer par une mécanique bien programmé pourrait régler pas mal de problèmes ? Ou encore, ne sachant plus quoi inventer pour faire tourner les usines et cracher des dividendes, tentons cette voie-là, compliquée et difficile.
En fait, nous devrions nous souvenir que rien n’a changé depuis que nous avons franchi le pas de la haute technicité, depuis que nous nous sommes mis en tête de confier le sale boulot à des machines, enfin, le boulot que personne ne veut faire… Nous continuons sur ce chemin mais cette fois, le sale boulot devenu complexe, les machines doivent le devenir aussi : nous remplacer dans les usines et sur les chantiers avec la même souplesse adaptative, auprès des malades, de nos enfants et de nos anciens afin que nous ayons tout le temps de ne rien faire et surtout pas travailler !
Avez-vous constaté qu’un nombre de moins en moins grand de travailleurs assurent la production de tout ce qui nous est nécessaire, au point que le reste de la population active ainsi inutilisée est réduite à gâcher son temps à des tâches sans le moindre sens ni effort physique, dans d’immenses et beaux immeubles, le tout en ayant le sentiment d’être privilégiés et d’une classe supérieure à ceux des usines ? Cette hypothèse pourrait expliquer la recherche de sens touchant un nombre de plus en plus important de gens très bien éduqués à remplir des tableaux Excel qui ne servent qu’à les tenir dans une réalité sans ancrage concret et qui, coute que coute, retournent à des activités dont ils maitrisent les tenants et aboutissants, quitte à perdre leur statut et leur prospérité.
Assistons-nous sans comprendre à de grandes manœuvres du capitalisme extrême qui, par ce biais, sécurise la création de valeur du tout-venant en crachant des montagnes de dividendes, se débarrassant au passage des humains qui n’en demandent pas moins, enfumés par une propagande les poussant à se replier sur eux dans une forme d’hédonisme solitaire sans autre but qu’un bonheur frelaté au-delà de toute réalité ?
Il est étonnant de voir ce capitalisme extrême adopter concrètement un grand principe stalinien : pas d’hommes, pas de problèmes ! Tant qu’ils rêvassent devant leurs écrans, ils n’em… personne !
Avoir rendu la réalité si insupportable et l’avenir si peu amène, permet à l’idéologie économique dominante de pousser ceux qui la servent dans une réalité autre, comme rêvée à travers les écrans et les illusions de la consommation. L’invention du concept d’intelligence artificielle est la cerise sur le gâteau, il ouvre pour beaucoup la perspective de se reposer sur une caste d’esclaves de métal et de plastique afin de fuir ce monde dont la réalité ne suffit pas à combler leurs aspirations.
Je me demande où cela va nous mener. Il n’y a qu’un pas des paradis artificiels à la crasse d’un réel honni dont nous ne serons plus les maitres.

Un effet de mode ou tout simple découverte du Graal avec un outil magique qui permet de régler l'ensemble des problèmes du monde sans effort, problèmes ou activités délaissées par l'homme ?
Question à méditer : est ce que le principe de Lavoisier s'applique également ici : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ? Qui est qui ou quoi ?