Gueule de bois prévisible après des joies Olympiques outrancières, mais bienvenues, pour avoir montré que le Monde pouvait parfois présenter un visage plus avenant que son rictus habituel.
Gueule de bois politique, sociétale, sécuritaire, culturelle ! Cela fait beaucoup, à se demander par quoi commencer pour retrouver le peps Olympique ! Parce que notre système et ses responsables nous ont menés à un point extrême où notre râlerie est homogène et isotrope, c’est-à-dire qu’elle occupe la sphère complète de nos préoccupations. Comment s’attaquer à une sphère ? Question de géométrie de Gauss fort passionnante, n’est-ce pas ? Ne nous laissons cependant pas impressionner, ce terrain nous est connu, nous vivons sur une sphère, après tout, même si sa rugosité nous occulte ses horizons.
A force de l’observer et d’en parler ici-même, ce mécontentement fini par révéler certaines structures et par là, certains biais pour identifier ses lignes de force.
Il en est une qui me semble particulièrement prometteuse, celle de l’équité sociale.
La grande devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Ne glosant pas sur ce que sont devenus ces trois grands principes de nos jours, je préfère me concentrer sur « Égalité », grand concept social qui, de mon point de vue, devrait toujours être accompagné de son pendant au niveau de l’individu : « Équité ». Où ce qui est à priori quantitatif doit être accompagné de ce qui est qualitatif.
Le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) nous dit que l’équité est « un principe impliquant l’appréciation juste, le respect absolu de ce qui est dû à chacun ». Une égalité plus juste.
Voici donc à mon avis, le plus grand chantier, qui prime sur tous les autres : rétablir et garantir l’’équité sociale, faire en sorte que certains ne soient pas plus égaux que les autres !
Ce choix implique de grandes réorientations de moyens vers la réforme des institutions politiques, de l’éducation, de la justice, de l’assistance aux plus démunis, mais aussi vers la mise en place de dispositifs empêchant les requins du Grand Marché Libre de faire des dividendes sur tout ce qui concerne la vie quotidienne des citoyens, les Humains étant ainsi fait que bien d’autres secteurs d’activités plus dispensables leur permettront de continuer à gaver leurs coffres-forts.
Car rien n’est pire que le sentiment de n’être pas traité justement, à proportion de ce qu’on est.
Nous avons tous une notion plus ou moins aigüe de notre position dans la société, cela commence dès l’enfance. Nous sommes capables d’accepter spontanément la différence entre les individus, menant souvent à des écarts de positions et de moyens jugés comme normaux suivant les critères en vigueur. A l’école déjà, nous savons que certains ont plus de facilités que d’autres et leurs succès scolaires ne gênent pas leurs camarades à condition qu’ils n’impliquent pas un favoritisme des enseignants. Chacun son dû suivant ses mérites et pas question d’en profiter pour être mieux servi que les autres.
Ce ressenti est extrêmement précis et pointilleux, nous en avons tous fait l’expérience à chaque étape de nos vies. C’est pourquoi la forme de la société actuelle va à rebours de ce sentiment très puissant.
L’accaparement du pouvoir et des richesses par un petit groupe de personnes ayant manœuvré en vue de le faire est ainsi vécu comme une trahison.
Les élus qui profitent de leur situation pour abuser du pouvoir que nous leur avons donné, ou pour s’enrichir, ou pour mener des « réformes » contraires aux acquis sociaux, les capitalistes débridés qui n’ont d’autres buts dans la vie que de capter un maximum des richesses communes, les voyous et autres trafiquants qui mènent de brillantes carrières de délinquants en abusant du droit au mépris le plus profond de leurs devoirs, j’en passe et des pires, tout ceci alimente un ressentiment qui pousse à se réfugier dans les bras du premier venu promettant le rétablissement de la justice, fut-il l’émanation de ce que notre pays a connu de pire durant son histoire récente.
Ici, il ne s’agit pas de mémoire, les Humains n’en ont pas de leur histoire sinon ils ne commettraient pas sans cesse les mêmes erreurs, il s’agit seulement de ne pas se sentir lésé par rapport à d’autres pour de mauvaises raisons.
Rétablir l’équité sociale apparait donc bien comme un moyen transversal de parvenir à une société apaisée composée de gens conscients de ce qu’ils sont et acceptant une égalité juste avec leurs semblables.