Je ne crois pas que, globalement, les français soient fachos malgré la croissance tendancielle du vote pour le Rassemblement National. La distribution des vrais méchants doit trouver sa juste dimensions sur une courbe de Gauss, vous savez, ce truc en forme de chapeau cloche des années 20 – encore une histoire de chapeau ! - qui montre que dans les enquêtes statistiques, la masse des gens se situent dans la cloche et les vrais atypiques sur les deux bordures… Soit en général 5% – 90% – 5% !
Les raisons de ce vote ne sont pas idéologiques mais enracinées dans le quotidien, c’est pour cela que le ratissage est large et touche toutes les classes sociales, que cette tendance est encouragée par le discours politique plus que flou et changeant du parti populiste qui en bénéficie.
C’est même un catalogue à la Prévert, un mélange de tout et son contraire dont seule l’opportunisme congénital du RN permet de tirer un profit immédiat avant une désillusion cosmique au cas où il serait contraint par les urnes d’exercer un pouvoir dont, poussé par son hérédité, il devrait abuser pour le conserver. Revenons plutôt sur les pourquoi et les réponses à leur apporter avant de choisir le pire à la prochaine échéance.
A ce titre, l’épisode Gilets Jaunes était une sorte de répétition générale avec ses suites en forme de consultations populaires hélas méprisées par le pouvoir macroniste et dont les résultats auraient pu nous mettre enfin sur la voie de réformes aussi évidentes qu’attendues et ainsi, d’un apaisement de la société. Mais hélas, l’hubris étant ce qu’il est…
Les revendications des français forment de grandes familles distinctes.
L’inéquité sociale, sentiment, extrêmement puissant, naissant de l’injustice fiscale, du ressenti fantasmatique autour des aides accordées aux immigrés et réfugiés, de l’accès aux études post-bac conditionnées, qu’on le veuille ou non par l’argent des parents…
Les incivilités qui exaspèrent et dont certains font profession, dans la rue, dans les transports, au volant, dans les bars et lieux festifs mais aussi dans le quotidien des commerces, de l’école ou de l’hôpital, ou de celles en forme de relâchement d’une charge mentale insupportable…
Le mépris des élites qui, une fois occupant une position de pouvoir, semblent n’en faire qu’à leurs têtes en dépit de promesses ou de missions clairement définies mais dont les termes sont trahis pour satisfaire des intérêts particuliers.
Le dogmatisme et la focalisation obsessionnelle sur un système économique qui a prouvé son extrême nocivité sociale sans pour autant être jamais remis en question par ceux qui ont le pouvoir de le faire, au point d’apparaitre comme la mère de tous nos maux.
L’inaction scandaleuse face au danger mortel de l’évolution climatique et de l’épuisement des ressources naturelles, née d’avancées aussitôt démolies par les lobbys économiques omniprésents qui tiennent les décideurs par le bout du nez ou du portefeuille, qui démontre que nos élus ont capitulé depuis longtemps face à des multinationales tentaculaires et aux responsables élus par personne.
L’abandon en rase-campagne du principe de laïcité, étonnement mal compris dans le pays qui l’a inventé pour son plus grand bien et sans cesse combattu par tous ceux qu’il indispose alors qu’il est le principe majeur de la paix sociale en cantonnant les religions et autres croyances dans la sphère privée d’où elles n’auraient jamais dû sortir.
Le grignotage de la liberté de la presse par des milliardaires idéologiquement marqués qui détruisent la pluralité des opinions au profit de propagandes personnelles souvent nauséabondes et relevant du grand principe : « Du pain et des jeux ! », sous-entendu : et ils nous foutront la paix…
La liberté d’expression de plus en plus considérée comme une menace par nos dirigeants qui s’ingénient à la limiter sans en avoir l’air à coup de lois bien orientées et en usant des forces de l’ordre comme de milices privées à leur service.
Les français ne sont pas aussi stupides que certains le prétendent justement pour les protéger d’eux-mêmes, comme si le danger venait de là. Non, le danger vient de dirigeants qui n’écoutent rien, qui n’entendent rien, qui ne voient rien et qui font ce qu’ils veulent sous le regard enamouré de ceux qui les manipulent.
Les réponses à ces pourquoi sont simples et connues de qui use de bon sens et de décence commune. Les transformer en actes demande cependant un immense courage politique, une immense énergie et un soutien populaire unanime, seul moyen de faire plier un système monolithique que nous avons laissé se consolider par notre inaction et les divertissements qu’il nous impose.
L’aventurisme présidentiel a causé une secousse sismique dont nous devons profiter pour transformer le rapport de notre société à son environnement naturel, politique et à l’économie de marché dont il faut impérativement mater les maitres pour en partager équitablement les fruits. Cela me semble encore mal parti...