Lorsque j’ai découvert la polémique aussi inutile que nauséabonde – je pèse mes mots – autour du changement de nom du collège de Saint-Etienne-de-Cuines, je suis tombé de ma chaise. Ce qui est douloureux pour mon dos et plus bas.
A ce nom prestigieux aurait été préféré semble-t-il, celui de montagnes voisines, histoire certainement de ne pas trop élargir l’horizon.
Mais le prétexte le plus fabuleux est que ce nom ne dit rien aux gamins et qu’ils risquent de le confondre avec celui de la supérette locale.
Vous comprenez pourquoi je suis tombé de ma chaise.
Reprenons donc au zéro absolu : à quoi sert l’école ?
A apprendre.
Si les gamins de collège ne connaissent pas Robert Badinter, c’est normal, ils sont là pour l’apprendre, à moins que les programmes n’en fassent pas mention, égarés qu’ils sont dans d’absconses synthèses généralistes honnissant les acteurs majeurs de l’histoire de notre pays.
Penser que les gamins puissent confondre collège et supérette, c’est déjà les prendre à priori pour des cons (désolé, je suis énervé, là) en les étiquetant de plus comme consommateurs potentiels.
La totale.
Je ne peux de plus m’empêcher de me demander ce qu’il en aurait été avec un autre nom, avec une consonance bien française, si vous voyez ce que je veux dire… Sombrerai-je dans le complotisme ?
« M’enfin, ma bonne dame, un juif et en plus, qui a aboli la peine de mort, c’est pour ça qu’il y a tant de sauvageons, ils ne craignent plus rien ! «
Vu l’ambiance préfasciste d’une partie de ce pays, je n’ai pas pu ne pas penser à une telle hypothèse.
En fait, il ne s’agit peut-être que d’un coup de mou d’un corps professoral harassé en fin d’année. Je dis ça pour me rassurer sans trop savoir si je dois me croire…
Cela peut aussi trahir un certain mépris de classe, celui des instruits pour les ignares, celui d’élites chargées d’une mission d’intérêt général sans en avoir les moyens et la reconnaissance, en étant abandonnés entre l’enclume des parents tout-puissants et le marteau de l’administration robotisée, une certaine perte de sens et de motivation pour une vie coincée entre routine et acceptation rétive d’enseigner des programmes imposés d’en haut sans la moindre possibilité de les discuter lorsqu’ils paraissent contraires à l’éthique professionnelle.
Comment se fait-il aussi que les échanges constitutifs d’un débat interne en cours d’évolution se soient retrouvés sur la place publique ? Cela me rappelle les délires autour des polémiques entre scientifiques au début de la crise du COVID, qui ont été interprétés au premier degré comme des désaccords par un public peu connaisseur de la démarche scientifique (on ne leur en a pas parlé au moins une fois, à l’école ?) faite de querelle parfois byzantines, de contradictions, de vérifications, de débats jusqu’à l’obtention d’un consensus.
Alors quoi ?
Interprétez cela comme vous l’entendez. Ma réaction, causée par un article de presse, est réflexe, donc imparfaite. Je ne connais pas les lieux, leur histoire, leur sociologie. Il y a toujours des raisons à tout, cachées ou pas. Et quand on ne trouve pas, ne reste que la dernière des dernières, qui sous-tend bien de nos actes : la connerie, chose la mieux partagée parmi les humains.

Je vais fâcher ton lectorat féminin ! Il aurait pu être choisi le nom d'une féministe engagée, adhérente de la France insoumise. On a échappé au pire..En revanche, en attendant encore, le choix aurait pu se porter sur Elisabeth Badinter.