Cela ne vous a-t-il pas étonné, ce grippage soudain de la grande machine mondiale pourtant si bien lubrifié par l’huile lourde des portes-containers ?
Comment expliquer la pénurie de pétrole, de blé, de médicaments, de biscuits au chocolat ?
Comment expliquer l’inexplicable sans user de la langue de bois familière de nombre d’enfumeurs médiatiques.
On accuse la guerre en Ukraine, la météo, le chaud, le froid, la Covid, les éruptions solaires et les nuées de sauterelles. En vrac. Mais jamais tous les petits malins qui font leur beurre en s’étant depuis si longtemps imposés entre ceux qui produisent et ceux qui consomment qu’on ne les voit même plus.
Pour mieux lire ce qui va suivre, je rappelle que le seul gisement de richesse de la planète, ce sont nos poches, garnies uniquement par le temps que nous consacrons au travail. Tout le reste est poésie.
Grands connaisseurs de l’histoire, à la différence du grand public qui s’en fout, les marchands savent que la pénurie génère du marché noir avec une liberté de prix en forme de rêve fou. L’ambiance actuelle d’état de siège entre climat qui dérive et Vlad 1er qui polit le bouton rouge, remet en selle une ambiance d’économie de guerre caractérisée par des pénuries voire des disparitions de certaines choses. Et comme ce qui est rare est cher, allons-y gaiement.
Le pétrole ! Les pays producteurs, en général pas les plus démocratiques, ne se gênent pas pour serrer la vis du robinet et desserrer celui de leurs exigences, merci la guerre !
Le blé ! Russie et Ukraine étant les plus grands producteurs du monde d’un bien qui frappe au ventre, merci la guerre ! Alors qu’on sait très bien en produire un peu partout, mais plus cher…
Les médicaments ? Les grands laboratoires ayant basculé dans la World Company, dorénavant gouvernés par des actionnaires avides, se débarrassent en douce de tout ce qui ne leur rapporte pas un maximum, en se moquant bien des conséquences…
Quant aux denrées alimentaires, biscuits, moutarde, huile, et j’en passe, pensez aux concentrations et délocalisations opérées par les multinationales en vue d’économies d’échelle à sens unique vers leurs poches mais avec un effet secondaire pervers, une vulnérabilité sans plan B aux moindres incidents auparavant dilués entre une multitude d’opérateurs.
Le système économique né d’une vision débridée du capitalisme a une seule stratégie : s’emparer du maximum de richesses par tous les moyens. Et une multitude de tactiques opportunistes pour cela, la moindre pénurie de quelque origine qu’elle soit, bien poussée par une habile propagande étant une des plus rentables. Dont acte aujourd’hui.
J’en veux beaucoup à la majorité des médias qui ne démontent pas cette imposture et préfèrent nous abreuver de reportages sur des consommateurs frustrés au lieu de faire leur boulot de démystification. Qu’on n’attende rien de bon de ceux aux mains des mêmes milliardaires possédant tout le reste, soit. Mais que fait la presse dite libre ? Rien, ficelée par les recettes publicitaires venant d’où vous savez. Pourtant, le Canard Enchainé vit très bien sans ce genre de ressource à contrepartie ! Alors ?
J’en arrive à croire que le système économique actuel est vécu comme une fatalité dogmatique, du genre impossible à remettre en question, ce qui est parfaitement faux. Qui aura le culot pédagogique d’expliquer au public, pas aussi sot qu’on l’imagine souvent, comment il fonctionne réellement en insistant sur le fait que les constructions humaines sont perfectibles et que rien n’est jamais gravé dans le marbre, contrairement à ce qu’on nous rabâche à longueur de temps.

"J’en veux beaucoup à la majorité des médias qui ne démontent pas cette imposture", écris-tu ? Leur attitude n'est pourtant pas surprenante. Les médias, comme les politiques, les grands patrons, les vedettes du showbiz, etc...font partie du fameux "micromosme" dont parlait M. Barre, suscitant l'hilarité de tous. Il avait pourtant mille fois raisons. La société, dit-on ? Non, trois mondes parallèles qui se côtoient mais ne se rencontrent jamais : les financiers qui tirent toutes les ficelles, le microcosme qui se croit préserver mais se fera tondre lorsque la nécessité s'en fera sentir et nous, la piétaille allègrement prise pour un troupeau d'imbéciles ! "Courage, fuyons !"