Cela revient épisodiquement, mais la crise ukrainienne pousse à mettre fin à nos tergiversations : il nous faut un second porte-avions.
D’abord pour en finir avec une aberration : un seul porte-avions, c’est être un intermittent de l’aéronavale, ce genre d’engin nécessite de passer 40% de son temps de vie en maintenance ! Sans déroger, surtout s’il est à propulsion nucléaire !
Ensuite, on nous dit que c’est un gros tonnage de diplomatie mobile.
En fait, le porte-avions est la version moderne de la canonnière du XIXème siècle, le gros bâton des politiques impérialistes et colonialistes. Je vais chercher les crosses en affirmant que plus vous avez de porte-avions, plus vous êtes impérialistes, suivez mon regard !
La France peut justifier le choix d’en avoir parce qu’elle possède le second domaine maritime mondial. Normal, grand pays colonial, nous avons pris possession de multiples territoires lointains pour en exploiter les ressources en contrepartie d’une protection militaire. Dont acte.
Si on parle du coût de construction de deux porte-avions, plus grands que celui qui ne suffit déjà plus, il ne faut pas oublier celui du deuxième groupe aérien à créer de rien : Rafales, Hawkeye, hélicoptères divers, et du second équipage !
Et pourquoi faire ? Maintenir l’ambiguïté de notre statut de puissance coloniale ? Être un bon élève de l’OTAN ? Le bras armé de l’ONU ? Montrer nos gros bras tatoués « France » ? Rester en phase avec certaines chapelles de nos forces armées ? Satisfaire le complexe militaro-industriel ?
A ce point de la réflexion, je me pose toujours la même question : qui, parmi nos concitoyens, ira se faire tuer pour de telles raisons, même à bord d’un beau navire ? Question qui me semble première.
La question du porte-avions est liée à celle de la dissuasion nucléaire. Le coût des deux est pharamineux à tel point qu’il obère tous les autres aspects de la Défense Nationale.
Où commence la défense de notre pays ? Au Sahel, au large des côtes syriennes ou libyennes ? A Djibouti ? En Nouvelle-Calédonie ou à Tahiti ?
Imaginons qu’un pays La Chine ou les USA, débarque soudain à Nouméa et s’empare de l’ile. On fait quoi, là ? On atomise nos nouveaux ennemis qui en ont autant pour nous ? On envoie un porte-avions et quelques troupes de marine, à dix contre un, au bout du monde ?
Imaginons qu’un autre de nos excellents territoires d’outremer ait des velléités d’indépendance : on refait la guerre d’Algérie ? Qui ira s’y battre, surtout si les clubs de vacances fonctionnent toujours ?
Nous devons nous rendre à l’évidence : nous n’avons plus les moyens de nos ambitions passées, surtout face à des ennemis d’une toute autre envergure que des peuplades menant leur vie sans ne rien demander à personne. Il est donc inutile de nous doter à grand prix du quart des moyens pour les satisfaire !
Une observation attentive des conflits récents ou en cours, et cela ne manque pas, si elle n’a rien de rassurant, devrait nous orienter sur d’autres choix, mais surtout attirer notre attention sur le véritable nerf de la guerre : les soldats. Des soldats qui nous montrent en Ukraine que, lorsqu’on est motivé et formé, on peut s’opposer efficacement aux pires hordes sauvages avec de simples lance-rockets ou au mieux des missiles antichars. D’où la réorientation prudente des forces russes vers un objectif plus mesuré et déjà à moitié cueilli, le Donbass.
Je répète ce que j’ai déjà écrit par ailleurs, mettons tous nos moyens sur la cohésion sociale, l’éducation et l’esprit de défense fera son nid tout seul, sans gesticulations ni grandes messes, parce que les citoyens auront parfaitement conscience de ce qu’ils ont à défendre, leur pays, sans velléités d’aller piétiner d’autres plates-bandes !

Bonjour Daniel
"Nous n'avons plus les moyens de nos ambitions passées" : écris-tu. Tu as raison car l'Etat s'est désengagé de ses missions régaliennes. Nous n'avons plus les moyens de garantir la défense du pays, d'assurer la sécurité des Français, de les instruire, de les soigner...
Fort de ce constat, tu proposes d'abandonner. Mais nous avons déjà abandonné le 2ème porte-avions, l'éducation (cf notre classement Pisa), de nombreux services d'urgence, de tout aussi nombreux quartiers tombés en déshérence. Pour quel résultat ? Et pourtant, nous sommes sur le podium des pays payant le plus d'impôts.
Pour moi, l'unique solution est donc un recentrage de 'état sur ses missions régaliennes. Dont l'éducation. Est-il normal que de "hussards de la République", les enseignants soient devenus les Smicards de la République ? Comment espérer avoir des enseignants de bon niveau pour former nos jeunes en les payant à peine plus qu'une femme de ménage ?