Une fois de plus cette semaine, le Canard Enchainé revient sur le scandale absolu de la privatisation des autoroutes.
Cette affaire est emblématique des manigances occultes fondant ce genre d’opérations, mais ne revenons pas dessus pour ne pas nous énerver par ces fortes chaleurs !
Cependant, ces privatisations peu glorieuses et autres partenariats public-privé à sens unique recouvrent un autre phénomène beaucoup plus préoccupant à mes yeux : le conflit d’intérêt permanent de ceux qui les négocient en notre nom ou au nom des sociétés privées.
Je devrais dire et/ou.
Comme moi, je suppose que vous vous êtes rendu compte que l’État et ses hauts fonctionnaires se faisaient toujours rouler dans la farine lors de la signature de ces contrats léonins quasi impossibles à dénoncer par la vertu de clauses obscures menant tout contradicteur à constater l’étanchéité parfaite du béton juridique pondu par de redoutables cabinets de juristes privés.
A peine signé, déjà plumé.
Pourtant, si vous soulevez la peau des choses, vous vous rendrez vite compte que les protagonistes de ces tours de table sortent tous du même moule, se connaissent tous, se fréquentent, n’allons pas plus loin, la suite ne nous étant pas connue comme nous ne sommes pas du sérail !
Dans ces conditions, comment se fait-il que ceux dont c’est le tour de représenter l’État, se fassent plumer systématiquement par les mêmes qu’eux, représentant les intérêts privés ?
Servir l’État rend-il stupide ? La compétence peut-elle être variable à ce point ? Ou bien s’agit-il d’une lamentable démonstration de loyauté à géométrie elle aussi variable ?
Presque chaque semaine, le Canard Enchainé, encore lui, nous fait rire jaune en retraçant les carrières en zigzag de gougnafiers experts en intérêt personnel que leurs parcours ne semblent pas émouvoir le moins du monde si j’en juge par leurs réactions offusquées dès qu’on ose insinuer à quel point ils sont bizarres.
J’en déduis que notre système éducatif est devenu fou par la magie noire du libéralisme sauvage qui l’a réduit à produire des bataillons de thuriféraires à sa botte, décérébrés au point de ne même pas se rendre compte de ce qu’ils font, parfaitement formatés pour évoluer dans un univers d’où la décence et la notion d’intérêt général ont été bannis mais parfaitement au point pour servir les puissances financières et se nourrir des miettes récoltées au passage.
Vous me trouvez sévère ?
Certainement ! De tout temps, servir l’état a passé déjà par plaire au Prince à un moment cependant où il ne servait que ses intérêts et par là, ceux de ses sujets même s’il y a à redire sur le partage.
Aujourd’hui, on peut décemment se demander à quelle boussole se fie le Prince, quels sont ses buts de guerre, qui devraient d’ailleurs et d’abord être les nôtres puisque nous l’avons élu. En fait, plutôt qu’élu, il a récupéré un blanc-seing lui permettant de faire absolument ce qu’il veut durant cinq ans vu la faiblesse des instances de contrôle du pouvoir dans notre pays.
Et comme il sort des mêmes cénacles que ceux que je vilipende plus haut, il est facile de comprendre que l’intérêt général a du plomb dans l’aile. Et comme visiblement c’est son tour de servir l’État, il est légitime de se faire du souci.