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Source : CNIL

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SUJET : Retour à la maison !

Retour à la maison ! 07 Mai 2020 13:09 #2064

La question des délocalisations, que certains espéraient ne plus faire problème, est revenue dans nos gencives en comme un boomerang inattendu lancé par le coronavirus pourtant réputé apolitique.
Il a cependant révélé une certaine capacité à rouvrir des yeux depuis longtemps fermés pudiquement sur les méfaits d’un mode de vie et d’un système économique avec lesquels nous avons des relations plus ou moins ambigües.
Nous savons tous ce qu’on entend par délocalisation : faire fabriquer ailleurs, le moins cher possible, par plus contraints que nous, en profitant sans honte du coût scandaleusement bas mais écologiquement ahurissant du transport, toutes les choses qui nous sont rendues indispensables par une propagande habile cachée derrière des noms ronflants aux consonances globish.
Nous savons tous ce que cela cache : faire un maximum de fric sur le dos des gogos que nous sommes.
Mais encore ?
Ce truc est une composante du Grand Marché Libre entre individus libres aussi égaux entre eux que vous et Microsoft par exemple …
Cependant, cette machine à ruiner les uns en exploitant les autres est fondée sur un principe un peu occulté derrière l’arbre du profit : ça ne peut marcher qu’en temps de paix.
En effet, l’industrie ne délocalise que ce qui crée de la valeur, c’est-à-dire la fabrication de marchandises par le travail des gens. Moins les gens coutent cher et sont organisés, plus on récupère de plus-value. Bien plus efficace que Las Vegas pour faire fortune !
Imaginons ce qui se passerait si un conflit du genre Deuxième Guerre Mondiale éclatait aujourd’hui : on comprendrait en un éclair que ce système merveilleux est fondé sur un présupposé impossible, une sorte de fantasme délirant : la paix éternelle dans un monde globalisé !
Donc guerre et soudainement, plus de libre circulation du fric, des marchandises ni des gens ! Une telle calamité signifierait la ruine de ceux qui travaillent dans les pays lointains et chez nous la découverte horrifiée de notre mise volontaire à la merci de fournisseurs devenus inaccessibles ou hostiles ! Pire encore, le constat éplorée de la perte des innombrables savoirs-faire accumulés depuis des siècles puis dispersés et oubliés en quelques années au nom du fric roi.
L’aveuglement de ceux qui n’ont pas compris que la production de valeur locale était un des piliers de la souveraineté nationale n’a d’égal que la cupidité de ceux qui en profitent sans se soucier du lendemain, après moi le déluge.
Notre Président a été beaucoup moqué lorsqu’il a parlé de guerre à propos de l’agression pandémique. Dans les faits, personne ne nous bombarde bien sûr, mais les conséquences sont celles que j’ai décrites plus haut et en ce sens, il a raison.
Nous assistons médusés à l’effondrement de secteurs entiers constituant notre prospérité, de ceux qu’on croyait pouvoir durer mille ans !
Nous nous sommes de nous-même, par nos choix de vie, nos orientations économiques, nos refus de toutes limites, placés dans une situation de vulnérabilité invraisemblable avec les conséquences que nous commençons à entrevoir sur nos ressources naturelles, humaines et économiques.
La pandémie apparait comme un avertissement couteux dépassant tous nos dénis de réalité. A l’aune de l’histoire du monde et de l’espèce humaine, nous devons à présent revenir à la raison et renoncer à l’idéologie mortifère et au jusqu’au-boutisme qui nous ont menés à cette situation inédite. Nous ne pouvons pas cautionner un système qui détruit environnement et sociétés humaines à coup d’accaparement des richesses communes.
Passer outre nous verrait rejoindre la cohorte de tous les Empires de Mille Ans qui se sont effondrés avant le nôtre à force de boursoufflage et d’inconséquence.

Retour à la maison ! 08 Mai 2020 09:51 #2065

Ton analyse est comme toujours convaincante. Mais je doute que nous tirions vraiment quelque leçon qui soit, nous français, en tant que puissance publique en tous cas, et ce pour les raisons suivantes :

Pour réindustrialiser ce pays, il faut
-d'abord une stratégie : nos gouvernants n'en auront jamais. Les politiques vont d'une élection à la suivante, les hauts fonctionnaires (qui nous privent de démocratie) vont d'un poste à l'autre, les fonds de pension d'une acquisition à une cession
-ensuite une programmation des actions tirées de la démarche stratégique, un plan. On se souvient de l'efficacité des plans "machine outils", "textile", "informatique"...s'ils se contentaient d'être décoratifs on en rirait. Mais ils se sont tous avérés destructeurs...concocté par des énarques qui n'ont jamais mis les pieds plus de 5' dans une usine, il ne faut pas rêver
-il faut des ouvriers : depuis 40 ans les relents de lute des classes font que les parents souhaitent que leurs enfants deviennent fonctionnaires...dans une agglo comme Nantes nous n'arrivons pas à trouver un seul candidat pour notre usine ! et ce ne sont ni les 35 heures ni les RTT qui encouragent le retroussage de manches.
-il faut des grandes entreprises qui suscitent l'émergence de plus petites : on n'est pas en Israël où les boites "assises" abritent des pépinières pour start-up

alors oui, rêvons de rapatrier la fabrication de ce qui est stratégique : un peu d'acier, un peu de pharmacie, un peu de ci, un peu de ça. Mais c'est le bon sens et le courage qui manqueront pour ce retour à la maison !

Nous, quelques uns on est restés, on se bat tous les jours contre des moulins à vent. Le vent, c'est bien la seule chose que nos "élites" ont su conserver dans notre patrimoine national...,
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