Cela fait un moment que je réfléchis à la notion de menaces (voir le texte « Les menaces » du 13 juin 2019). Et en parallèle aux solutions à mettre en place pour s’y opposer.
Gros travail de réflexion que je préférerais mener avec d’autres, mais bon …
Notre beau monde néolibéral n’a pas son pareil pour nous les camoufler, nous les rendre inintelligibles ou, lorsqu’elles sont si patentes qu’elles émergent tout de même du fatras des médias de diversion, les castrer, les discréditer sous des tombereaux de fake-news et de contradictions en phase avec la déculturation générale et la disparition de l’esprit critique.
Derrière cet écran de fumée, elles croissent et prolifèrent en toute quiétude !
Qui se soucie des guerres de religion qui ravagent nombre de pays, c’est tellement loin ?
Qui se soucie de l’inflation des querelles de cours de récréation entre dirigeants autoritaires, nous qui vivons en démocratie ?
Qui se soucie du poids croissant de la surveillance de tout par tous, nous qui n’avons rien à nous reprocher ?
Qui se soucie des montagnes d’ordures et de déchets que nous laissons derrière nous, nos enfants saurons bien s’en débrouiller ?
Qui se soucie de la Peste Noire qui avait éradiqué la moitié de la population du moment sans prendre l’avion pour autant, notre science saura bien nous guérir ?
Je pourrais continuer ainsi durant quelques pages aussi sinistres que désespérantes. Stop !
De ces questionnements et constats ressort une grande constante : la plus grande menace pour l’humanité du XXIème siècle est son inconséquence.
On peut bien faire toutes les listes de menaces qu’on veut, imaginer toutes les conduites à tenir pour reprendre le contrôle de nos vies, s’agiter comme des mouches dans un bocal, rien à faire, tout le monde s’en fout.
Cette indifférence suicidaire, fruit pourri de l’individualisme court-termiste qui limite l’avenir au pas suivant et le monde à une villa de télé-réalité, annihile toute volonté de rébellion de masse, ne la limitant qu’à des groupuscules partisans que les pouvoirs en place ont tôt fait de transformer en boucs émissaires de leurs échecs.
Ainsi, les Gilets Jaunes deviennent de la graine de Black-blocks, des terroristes, les écologistes sont présentés comme des nazis, les lanceurs d’alerte condamnés pour haute-trahison du néolibéralisme, les journalistes trop curieux intimidés pour le moins alors que d’autres les tronçonnent, les laïcs sont traqués comme empêcheurs de s’étriper en rond, etc.
La guerre contre la libre-pensée s’intensifie partout, une propagande abrutissante règne, qui nous impose un monde nivelé, sans rien qui dépasse, totalement contrôlé, ne supportant aucune menace pour son hégémonie.
C’est désespérant mais pas tant que ça : aujourd’hui la pression sur les gens est telle, ils se sentent tellement acculés, qu’il suffirait d’une pichenette pour que le courant s’accélère et s’amplifie suivant le théorème de Daniel Bernouilli, celui qui décrit le fonctionnement de la chasse d’eau … Oui, il est grand temps de tirer la chasse, ça devient irrespirable !