On présente souvent la laïcité comme une sorte de religion. C’est un moyen commode de l’identifier à une idéologie de même structure et de même niveau qu’elle. C’est une bonne ruse, pour la présenter comme dogmatique et l’attaquer en tant que telle
Pourtant, il n’en est rien : comment peut-on confondre contenant et contenu ? La laïcité définit un champ dans lequel évoluent les religions et croyances de nature spirituelles, qui les contient toutes et qui établit entre elles un ensemble de relations de droits et de devoirs.
Dans ce cadre uniquement, chacun peut croire en qui il veut et pratiquer les rites qu’il souhaite dans le respect de ses semblables qui pensent différemment.
La laïcité n’est pas d’essence divine, elle a été imaginée par des hommes dont l’unique dessein était de permettre à leurs semblables de vivre en paix ensemble, en dépassant les querelles conceptuelles sous-tendant la plus grande part de l’histoire humaine. Et surtout des conflits monstrueux qui l’affectent.
Il n’est pas étonnant qu’elle soit apparue et se soit imposée en France, pays qui a connu l’horreur des guerres de religion mais aussi, dans un grand écart stupéfiant, le bigbang des Lumières.
Aujourd’hui, notre pays est un des rares dont la Constitution ne fasse pas référence à un dieu, dans lequel le pouvoir politique est clairement séparé des convictions religieuses qui demeurent du niveau des individus, de leur sphère privée.
Le but recherché est l’apaisement des relations entre les gens, la cohabitation sans heurts entre fidèles de toutes les églises possibles y compris ceux qui n’en ont pas. La conséquence en est la disparition d’un contre-pouvoir à l’état mais aussi la capacité à intégrer sans opposer.
Depuis qu’elle a été imposée en 1905, des apprentis sorciers n’ont pourtant eu de cesse de l’attaquer durement, furieux qu’elle les prive de leurs moyens de domination et d’oppression.
Le triste spectacle qu’offre le pouvoir en place en Turquie (pays laïque, et oui, mais jusqu’à quand ?) en ce moment nous pousse à toujours nous méfier du grignotage permanent et à être convaincus qu’un seul pas en arrière en appellera d’autres.
En effet et par construction, les religions sont impérialistes, ce sont des instruments de conquête et de pouvoir aux mains d’un petit nombre se cachant lâchement derrière des concepts d’amour totalement contraires à leurs actes criminels. Soyez curieux : intéressez-vous aux religions et à leurs conséquences sur l’histoire de l’humanité ! Et aussi sur son avenir car elles sont toujours là, en embuscade, attendant leur heure, profitant de toutes les maladies des sociétés humaines pour se ruer dans les brèches ainsi formées et avancer leurs sinistres cortèges.

Daniel,
Je lis avec intérêt tes articles. Ils donnent toujours à réfléchir, que l'on soit ou non totalement en phase avec le contenu. Sachant que mes réserves, quand il y en a, portent d'avantage sur la forme, parfois un peu brutale de mon point de vue dans l'expression des idées, que sur le fond où je me retrouve assez bien.
En ces temps où je passe l'essentiel de mes journées en extérieur et très peu devant mon micro, j'avoue être peu enclin à m'engager par écrit dans une analyse argumentée et documentée de tes articles, si tant est que je puisse en être à la hauteur.
Je tiens au moins à exprimer mon plaisir pris à la lecture de ton dernier article sur Trump, pour lequel je partage pleinement ton ressenti sur l'hypocrisie des réactions médiatiques, ainsi que sur le présent relatif à la laïcité. Avec toutefois un bémol sur la situation en France, certes incomparablement meilleure qu'elle ne l'est dans d'autres pays, mais où les vestiges du passé pèsent encore lourd (jours fériés presque tous calés sur les fêtes religieuses catholiques, subventionnement des écoles privées catho à partir de nos impôts, etc...). Raison de plus, comme tu le dis, pour être très vigilant.
Encore merci et bravo pour tes réflexions partagées.
Claude