Au sein d’AlternativeS DémocratiqueS, nous voyons la politique, non pas comme une tentative de modification ou d’adaptation à un état de fait, mais comme la construction d’un projet total en vue d’une société meilleure.

En cela, nous nous accordons avec les propos de la juriste Antoinette Rouvroy lors de son intervention au débat « le numérique fait-il de nous des numéros » du 25 Février 2017 dans le cadre du forum « L’année vue par les sciences ». Reste toutefois à comprendre ce qu’il y a derrière un projet politique et s’il est plus avantageux de parler de projet global ou de projet commun.

D’un côté, la globalité évoque une forme de transcendance qui se manifeste de manière verticale et réticulaire. Le global vient à la fois s’imposer de façon univoque et circonscrire un cadre à une situation. Cela signifie qu’on est face à une entreprise d’autodéfinition et de dénégation de l’altérité. Politiquement parlant, ceci donne lieu dans le premier cas au totalitarisme, dans le second au nationalisme.

D’un autre côté, la communauté suggère une somme d’éléments sans autre lien que leur coappartenance, et sous-entend également l’importance de l’habitude. Le commun désigne en même temps le petit peuple et l’habituel. En apparence, ceci renvoie à une certaine naïveté et inertie dans l’action, à une absence de ligne cohérente et durable, telles les initiatives locales actuelles. Cependant, cela pourrait bien plutôt être le cœur de la démocratie si le commun demeurait ce qui fédère et provient du peuple. L’action politique serait le résultat d’un accord de l’expérience et de l’immanence. Plus de décrets irréalistes et opportunistes, plus d’élite politicienne, plus de personnalités exceptionnelles ; la politique deviendrait l’affaire de tous.

Au sein d’AlternativeS DémocratiqueS, nous souhaitons faire de la politique un projet commun. Concrètement, il s’agit d’opérer une convergence des luttes sous l’égide d’une cohérence idéologique, de fusionner les micro-luttes tout en conservant la spécificité de chacune. L’enjeu est de conserver l’altérité et la diversité nécessaires à la pensée comme à l’action politique, tout en agissant sur le dénominateur commun de chaque combat qu’est la société. Par exemple, les mouvements de 1936 et 1968 ont amené des changements politiques et sociétaux profonds, ce à partir de revendications au départ disparates et apparemment distinctes. La société reste le cadre de tout combat, au sens où elle en est à la fois la structure et le champ d’action.