Le toréro agite la muléta. Le taureau se précipite sur le chiffon rouge. Il croit surement bien faire.
Le peuple est invité à manifester dimanche. « Une grande mobilisation citoyenne et populaire » nous dit le Parti Communiste Français. « La fin des opérations de police est un soulagement. Le cauchemar est terminé. » Demain, il s’agira de « porte[r] haut la fraternité républicaine. La haine, la division, les amalgames doivent être rejetés avec force ».
Voici ce que nous dit aujourd’hui un parti né il y a un siècle en réaction à l’Union sacrée dans la grande boucherie de 1914. Union sacrée ! Le peuple doit défiler derrière les politiciens corrompus.
Et il défilera ! Croyant défendre la liberté d’expression au moment où tout prouve que ne peut s’exprimer qu’une idéologie totalitaire. Aucune voix dissidente ne peut se faire entendre.
Quelle liberté d’expression quand tous les médias sont dans les mains des groupes financiers ? La question ne sera pas posée. Allez manifester pour défendre la liberté, derrière celles et ceux qui contrôlent vos pensées !
L’islamisme n’est pas le problème
L’ultralibéralisme a pour doctrine l’homme libre dans le marché libre. Il a pour corolaire l’ultra-individualisme. Que chacun se débrouille pour se faire sa place au soleil. Cela fait trente ans que ce système triomphe dans le monde entier.
On connait les résultats de cette doctrine : des riches qui n’ont jamais été aussi riches dans toute l’histoire de l’humanité, la pauvreté, la misère, les désastres écologiques, l’angoisse et la dépression.
Mais aussi quelque chose qui se voit moins. Les humains sont des animaux sociaux. Chacun porte la société en lui, nous sommes construits comme cela – nous ne sommes pas comme des chats. L’ultralibéralisme nie par principe l’existence du social. La société telle qu’il la conçoit n’est qu’une juxtaposition d’individus, pas quelque chose qui transcende les individus.
Le seul sens de la vie que l’ultralibéralisme et l’ultra-individualisme peuvent proposer, c’est le fric. Ça a d’ailleurs commencé comme ça dans les années 80, « les années fric ». Mais aussi pitoyable que soit ce projet, le capitalisme triomphant n’est pas capable de le porter. Comme Marx l’avait montré dans le Capital, le capitalisme livré à lui-même abouti à des inégalités sociales extrêmes et à une crise généralisée. Ce que nous vivons aujourd’hui.
Ce n’est pas un hasard si tant de gens sont déprimés et carburent aux antidépresseurs, aux anxiolytiques et à la cocaïne. La vie dans cette société n’a pas de sens.
Ce vide, n’importe quoi va le remplir. L’islam est là, tout prêt, pour fournir un projet de vie. Sa seule force n’est d’avoir en face de lui que du vide. S’il n’existait pas, d’autres substituts prendraient sa place. C’est pourquoi la lutte contre le terrorisme islamiste est tout à fait vaine.
Si, elle sert à quelque chose : elle fournit pendant quelques heures, quelques jours, un ersatz de Moi social à ceux qui vont s’imaginer défendre la démocratie et la liberté en manifestant contre le terrorisme.
Demain, sera une journée de victoire de la bêtise. Mais ce ne sera pas une défaite de l’intelligence. Cela fait longtemps que l’intelligence a été réduite à zéro et qu’il faut reconstruire patiemment, avec courage et détermination, une compréhension du monde. Peut-être le spectacle de ces gigantesques manifestations de stupidité entrainera-t-il en réaction un désir d’intelligence chez quelques uns.
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