En Grèce, la politique menée par la coalition droite-socialistes a produit des résultats tellement catastrophiques que ces partis ont renoncé à gouverner. Des élections législatives anticipées auront lieu le 25 janvier prochain.
Le vainqueur en sera le parti anti-austérité Syriza. Syriza résulte de la coalition d’un grand nombre de partis et organisations, allant du centre gauche aux écologistes, aux féministes, aux communistes, trotskystes, maoïstes, etc. Ces différents groupes s’étaient retrouvés lors de forums sociaux et ont fini par fusionner en un parti unique en 2013.
Jusqu’en 2009, Syriza représentait à peine 5 % des électeurs. Sa critique de la politique d’austérité lui a valu une forte progression à partir de 2012 et c’est désormais le premier parti politique grec.
Pour sortir de la crise, Syriza veut agir sur quatre axes :
1. Le traitement de la crise humanitaire ;
2. La relance de l’économie ;
3. L’organisation d’une faillite partielle pour les dettes privées ;
4. Des mesures de réorganisation administrative.
L’ensemble du programme fait 600 pages… Ce qui est le plus détaillé, ce sont les mesures sociales. Il y en a pour tous les gouts, reflet de l’origine composite de Syriza. C’est aussi assez embrouillé, les mesures sociales n’étant pas forcément placées dans le chapitre I (traitement de la crise humanitaire). En voici quelques unes :
- Électricité gratuite et aide alimentaire pour 300 000 foyers ;
- Augmentation du remboursement, voire gratuité des soins médicaux et des médicaments ;
- Des logements largement subventionnés pour 30 000 familles ;
- Treizième mois pour les retraites inférieures à 700 € ;
- Baisse de la TVA sur le fuel de chauffage ;
- Rétablissement du salaire minimum au niveau d’avant-crise (qui passerait ainsi de 586 € à 751 €, et de 427 € à 751 € pour les jeunes) ;
- Rétablissement des conventions collectives à la place des accords de gré à gré entre employeurs et salariés ;
- Interdiction des licenciements collectifs ;
- Augmentation du montant des allocations chômage et de leur attribution.
Syriza escompte que chacune de ces mesures ne couterait pas grand-chose à l’État, voire lui rapporterait de l’argent. Ainsi, en diminuant le prix du fuel domestique de 1,20 € le litre à 90 centimes, l’État serait quand même gagnant parce que les particuliers consommeraient plus de fuel…
C’est un scénario rose qui nous est présenté. Les mesures sociales donneront du pouvoir d’achat aux travailleurs, donc ça relancerait l’économie. La logique est la même que celle du Programme Commun de la gauche en France en 1981.
Mais cela ne peut fonctionner que dans le cadre d’un État souverain. Dans le cadre d’une économie mondialisée, les capitaux fuiront aussitôt vers des cieux plus radieux (pour eux).
Or, les mesures proposées de réorganisation de l’économie et de l’État sont d’une faiblesse pathétique.
Syriza souhaite un impôt progressif sur la fortune immobilière, la résidence principale étant épargnée. Une banque de développement serait créée. Syriza la promet, Hollande l’a faite (Bpifrance). Avec le fabuleux succès que l’on connait.
Pour ce qui est des réformes politiques, il ne s’agit guère que d’un verbiage flou, qui ne choquerait pas une Ségolène Royal avec des phrases creuses sur la démocratie participative ou la démocratie directe. Rien de concret hormis un changement de loi sur l’immunité parlementaire et la promesse de référendums.
Syriza demande enfin que la Banque Européenne de Développement stimule la croissance par des investissements publics. Que la Banque Centrale Européenne rachète directement des obligations d’État. Bref, on reste dans le cadre de ce qui se fait déjà et qui est largement pratiqué au Japon, avec, encore une fois, le succès que l’on constate.
L’ultralibéralisme est dénoncé par Syriza dans ses conséquences mais pas dans ses fondements. Il n’est nullement question de sortir de l’euro, de l’Europe, des traités de libre-échange.
Les conséquences sont faciles à prévoir.
Dans un mois, les Grecs feront la fête. Ils croiront être sortis de l’austérité. Puis la réalité des lois économiques ultralibérales s’abattra, impitoyable. Les capitaux fuiront la Grèce. La propagande ultralibérale aura beau jeu de proclamer que les bonnes intentions se sont heurtées au mur implacable des réalités.
Mais cette réalité n’est que celle du marché libre, doctrine à laquelle Syriza ne touche pas. Pas davantage que ses homologues français, qu’ils soient écologistes, féministes ou communistes.
Commentaires (1)